Poésie matinale
En général, la majorité des gens considère qu’ « hiver » et « activités au jardin » ne riment pas. Il est vrai que les arbres à nu, le sol dur et froid, cette nature morte que la saison impose tendraient à conforter ce point de vue. Or, que nenni.
En hiver
Au jardin
Observe la terre
Dès le matin
Ce petit poème de ma composition ouvre cet article où je vais m’atteler à vous démontrez que les possibilités d’activités sont nombreuses. Et ce, que vous possédiez déjà un potager ou des fruitiers ou que vous décidiez de vous lancer dans l’aventure permaculturienne. Et nul besoin d’attendre le retour des beaux jours pour se précipiter en jardinerie. Bien au contraire. Un certain nombre d’étapes doivent être réalisées en amont avant d’attaquer les premières pelletées et autre binage. Et février se trouve être un mois idéal pour entreprendre l’activité que l’on pourrait considérer comme la maison-mère de la permaculture. L’observation.
Emmitouflez-vous bien chaudement, puis munissez-vous d’une tasse de thé ou de café rassurante. Prenez une chaise, installez-vous dans votre jardin et observez. Observez quoi, me direz-vous ? Tout vous répondrai-je. En effet, il s’agit, en permaculture, d’essayer d’imiter la nature lorsqu’on la laisse tranquille. Comme en forêt par exemple dans laquelle un écosystème dense et varié se développe, interagit, mûrit sans engrais ou pesticide, sans taille ni laboure.
Observer
La première chose à observer, évidemment, c’est le climat. Or, on pourrait avoir tendance à vouloir surseoir à cette tâche, arguant que nous vivons en climat tempéré. Ainsi les montagnes sont les montagnes, la plaine, la plaine et pour voir la Méditerranée, il suffirait de raser les Alpes. Certes, globalement, par chez nous, les graines germent au printemps, les plantes déjà installées donnent de nouvelles pousses et feuilles. Lorsque les températures montent on assiste à la floraison. En été, les fruits se développent, les plantes fleurissent et partent en graine. Les fruitiers forment des bourgeons pour le printemps suivant. Et à l’automne, les arbres perdent leurs feuilles, dans les vents les graines partent en voyage. Puis, en hiver à peu près tout ce qui est végétal dort.
Les choses ne sont malheureusement (ou plutôt, heureusement) pas si simples. Entre Rolle, Gimel, le Vallon de l’Aubonne ou Yens, les conditions ne sont pas exactement les mêmes. Qui plus est, chaque jardin est un microclimat en soi, du fait de son orientation, s’il se situe en milieu rural, péri-urbain ou urbain, entouré d’arbres, bordé de haies ou ombragé d’un immeuble.
Nos microclimats
C’est en particulier ce microclimat que vous allez devoir appréhendez pour tirer tout le potentiel de votre jardin. Que vous vous adaptiez à celui existant ou que vous influiez sur lui (par exemple en installant des coupe-vent végétaux ou en élaguant un arbuste), il aura une influence déterminante sur les emplacements choisis pour vos cultures ou l’installation d’une serre. Lors de redoux, certaines parties de mon jardin dégèlent moins vite, pendant les périodes chaudes des zones s’assèchent plus rapidement. Certaines parties ne prennent que le soleil du matin, d’autres, son coucher, certaines sont constamment orientées plein sud. Et ce qui peut pousser ici ne le pourra pas là.
La terre n’est pas plate
A Trélex ou à Ecublens et quelques soit la taille de votre jardin, sa topographie diffère, pente, plat, légère différence de niveau qui influe sur la circulation des vents, l’écoulement des eaux, la création de poches de froid qui peuvent apporter de mauvaises surprises lors de gelées tardives.
Que vous plantiez des annuelles (laitue, haricot, oignon, radis, …) ou des vivaces ( asperge, rhubarbe, artichaut, …), des arbres ou des fleurs (le mieux étant, nous le verrons plus tard, de planter de tout), l’observation des microclimats et de votre topographie aura une influence déterminante sur l’abondance, la résilience, la pérennité et l’esthétique de votre jardin. Un dégel, une journée de pluie, une bourrasque, un dimanche ensoleillé, chacune de ces situations est porteuses d’un nombre phénoménal d’informations.
Chasse au(x) trésor(s)
Il s’agit d’établir un dialogue entre vous et votre écosystème. Lui, par ses branches, ses feuilles, ses racines est en communication permanente avec les évolutions de son milieu et réussit plutôt bien en général à s’y adapter au mieux. Et transformer l’observation de son jardin en activité ludique offre à tout le monde et surtout aux enfants une occasion directement accessible et disponible d’enrichir ses connaissances. Traquer les zones plus venteuses, pister les poches de froid, marquer les zones plus chaudes, suivre la pluie là où elle s’écoule et là où elle stagne, tout cela sublime votre jardin en une gigantesque chasse au(x) trésor(s) et ce, par tous les temps !
https://www.meteosuisse.admin.ch/home.html?tab=overview
https://www.aujardin.info/fiches/identifier-utiliser-microclimats-jardin.php
https://www.rustica.fr/lecon-meteo/l-hiver-jardin-8-microclimats-favorables-ou-non,3123.html