Après la découverte de votre écosystème, il va s’agir de voyager au centre de votre terre. Du soleil et de l’eau, voilà ce qu’il faut pour les plantes! C’est ce que l’on entend en général. Et c’est tout à fait exact. Mais l’on néglige souvent, dans tous les sens du terme, l’élément fondamental qui abrite, génère, détruit et digère la vie. Le sol.
7 milliards d’être vivant
Plus qu’un composé d’argile, de limon, de sable et d’humus, le sol est l’un des écosystèmes les plus riches de la planète. Et je ne parle pas uniquement des vers de terre que vous voyez parfois. Une poignée de relativement bonne terre contient plus de 7 milliards d’êtres vivants. Principalement des bactéries, mais également des champignons, des algues, des nématodes, des collemboles, cloportes et autres acariens. Tous ont un rôle déterminant dans la vie du sol et l’enrichisse. L’enjeu de toute la vie végétale de votre jardin se situe dans les trente premiers centimètres qui se trouve sous vos pieds. Les lombrics mangent les déchets végétaux, leurs galeries aèrent le sol. Les collemboles décomposent les parties tendres des feuilles, les cloportes s’attaquent à des déchets plus solides. Les bactéries, pour résumer, sont du levain qui fera monter vos plantes comme du bon pain.
Pas que les Shiitake
Pour préciser, quand je parle de champignons, je ne fais pas référence à ceux de Paris ou aux Shiitake. Je pense aux longs filaments blancs s’étendant dans les sols dont l’ensemble se nomme le mycélium. On les imaginerait plante mais les champignons sont une espèce plus proche du règne animal. Ils sont, avec les bactéries, les principaux décomposeurs des matières mortes dont ils tirent leur nourriture. Cette décomposition profite à d’autres organismes qui participent activement à la vie du sol et au développement des végétaux. Ces longs filaments blancs, invisibles à nos yeux, s’étirent en réseaux, connectant les racines et transportant les nutriments. Ils reçoivent, en échange, les sucres issus de la photosynthèse. Ces champignons représentent une forme de civilisation complexe, basée sur l’échange de nourriture, d’eau et d’information. Ils sont en quelque sorte, l’internet du sol, partageant connaissance et savoir entre les racines de végétaux similaires ou différents.
Un sol sain
C’est ainsi, en simplifié, que fonctionne un sol sain. Interconnecté. Interdépendant. En dialogue et en échange permanent. Et c’est de cette manière que l’on peut s’assurer de récoltes diversifiée, extrêmement productives et d’excellente qualité. Le problème c’est que la majorité des sols sont soit morts soit mal en point. Les raisons en sont nombreuses. Le but de cet article est de non seulement éviter d’affaiblir votre sol mais également de le rendre plus fertile. Alors quelles sont ses erreurs?
Une culture sans cultures
A la fin de la seconde guerre mondiale, aux USA et en Europe particulièrement, les pratiques agricoles ont radicalement changé. Entre la nécessité de nourrir une population dévastée et démunie par des années de privation et d’ancrer un système économique basé sur la croissance, la politique et l’industrie se sont alliées pour transformer radicalement la pratique agricole. Via la monoculture intensive, la spécialisation des cultures par région ou par pays et la séparation élevage-culture, les paysages agricoles ont perdu de leurs diversités et les sols de leurs richesses.
Les industriels de la chimie et du transport, actifs en temps de guerre pour les armées, ont recyclé en temps de paix les surplus en les transformant et en les revendant sous forme de pesticides, de fongicides et de tracteurs. Dans une agriculture biologique traditionnelle, le dialogue entre les céréales, les plantes potagères et les animaux, garantissait un équilibre. Les interactions entre les différentes espèces vivantes, de la bactérie jusqu’au fumier permettaient une gestion vivace des sols et des parasites.
Vers une production durable
La production intensive a permis de générer des surplus prompts à booster une économie de l’exportation. La spécialisation des cultures obligeant de son côté les pays à développer une économie de l’importation. Vous le constatez tous les jours dans vos supermarchés. Plus aucun pays n’est auto-suffisant, bien que l’on ait jamais produit autant de nourriture. Gorgés de pesticides et d’insecticides, appauvris par la pratique de la monoculture et des labours, les sols meurent en masse. La première réponse des industriels a été de développer les engrais chimique. Ce moyen arrivant à son terme est de plus en plus remplacé par la production d’OGM. Ce sont évidemment les mêmes entreprises qui produisent et vendent pesticides, insecticides, engrais et OGM. Et évidemment, pour elles, le modèle économique est parfaitement rentable.
Cet article n’est bien entendu pas une tribune contre ces pratiques. Il est un constat simple, analytique d’un système.
Mais, en plus d’être sanitairement douteux, écologiquement dommageable, il est également financièrement extrêmement coûteux. Nous verrons, au fil de ces articles, des manières de faire, à l’échelle du jardin, ne nécessitant l’achat d’aucun pesticide, aucun insecticide, aucun engrais et quasi aucune machine ni semence. Et ce pour un résultat équivalent voire même supérieur en matière de volume. Et sans commune mesure en matière de qualité.
Aimer son sol
Il est important d’aimer son sol, sa terre. Et le/la connaître. Avant de parler de compost, d’engrais vert, de paillage, je vous propose un test facile et ludique qui devrait plaire à vos enfants. Le test du bocal. Pour savoir si votre sol est argileux, limoneux ou calcaire (dont dépendra ce que vous aller y planter), il vous suffit de faire ainsi :
Prenez un bocal et remplissez-le à moitié de terre. Ajoutez de l’eau au trois-quart et une cuillère à café de liquide-vaisselle. Secouez et laissez reposer. Le sable se déposera au fond, puis le limon. Ensuite l’argile et toute sorte de débris organiques flottant. Selon les proportions, vous aurez une bonne idée de la qualité de votre sol. En lien, vous avez un article de la FAO particulièrement éclairant.
Les variétés de nos voyages
Entre vos désirs et les possibles, il y a parfois un monde. C’est bon de savoir si vous pouvez plutôt faire jaillir des tomates ou des pommes de terre, des salades ou des choux. Parce que nous sommes à l’époque des semis. Pas encore en pleine terre, quoique, mais en pouponnière. C’est-à-dire, au chaud, à l’intérieur, dans des barquettes. Vous trouverez facilement du terreau à semis ainsi que des barquettes que vous pouvez remplacer par des cartons d’oeufs. Vous pouvez bien entendu acheter vos graines dans les jardineries ou à la Migros.
Mais je vous recommande d’aller voyager sur le site de Kokopelli, dont je mets le liens ci-dessous. Ce ne sont pas les seuls, mais c’est chez eux que j’achète mes semis, tant leur histoire m’interpelle, me plait et me touche. Placez vos barquettes dans un lieu ensoleillé, un rebord de fenêtre exposé au sud. Chaque sachet de graines comporte toutes les instructions nécessaires. Pour le reste, il suffit d’une bonne terre, de soleil et d’eau. Et de patience pour l’émerveillement des pousses de vie qui viendront à jaillir. Je vous laisse donc à vos bocaux-test, à la belle ballade qui vous conduira à choisir les graines, les espèces et les variétés qui sublimeront votre jardin de cocagne.
https://kokopelli-semences.fr/fr/
http://www.fao.org/fishery/static/FAO_Training/FAO_Training/General/x6706f/x6706f06.htm
https://www.permaculture.ch/ressources